Histoire du marchand avec l'éfrit
« le roi ne fut pas fâché d'entendre le conte de Schaharazade »
Traduction littérale et complète du texte arabe par le docteur J.-C. Mardrus. Illustration de Léon Carré, décoration et ornements de Racim Mohammed, Paris : impr. G. Kadar, édition d'art H. Piazza, 1926-1932.
Mille et Une Nuits, tome 1, in-folio
BnF, Réserve de livres rares, Rés. m. Y2. 214 (1)
© Bibliothèque nationale de France
Le vizir, père de Shéhérazade se résout à donner sa fille au roi Schahriar, non sans l'avoir au préalable avertie des dangers du mariage par le récit : L'Âne, le bœuf, et le maître de labour. Shéhérazade convient d'un stratagème avec sa sœur Doniazade, qui devra être présente lors de la nuit de noce, et réclamer une histoire à sa sœur. C'est pourquoi la cadette apparaît ici sur l'illustration. La première nuit de Shéhérazade débute avec le récit du marchand avec l'éfrit (démon), où la jeune conteuse dépeint une situation très comparable à la sienne. Un marchand tue par mégarde, en jetant des noyaux de dattes, le fils d'un éfrit. Ce dernier le menace de mort. Mais les trois compagnons du marchand échangent sa vie contre trois récits (« un tiers de sang » accordé à chaque histoire). Ainsi débute ce mécanisme d'emboîtement des récits les uns dans les autres, qui constitue la structure des Mille et Une Nuits. La première nuit s'achève au milieu du récit du premier voyageur, pour attiser la curiosité du roi : « À ce moment de la narration, Shéhérazade vit apparaître le matin, et, discrète, se tut sans profiter davantage de la permission. Alors sa sœur Doniazade lui dit : « Oh ma sœur, que tes paroles sont douces et gentilles et savoureuses et délicieuses au goût ! » Et Shéhérazade répondit : « Mais elles ne sont vraiment rien comparé à ce que je vous raconterai à tous deux la nuit prochaine, si toutefois je suis encore en vie... »