Thibaut de Champagne, chanson
Chansonnier Cangé, Dijon, 3e-4e quart du XIIIe siècle
BNF, Manuscrits, français 846,
f. 1
© Bibliothèque nationale de France
L’écriture de l’amour courtois s’inspire des chansons des troubadours et des trouvères. En chantant l’amant prisonnier d’Amour et de sa dame, comme la licorne l’est de la jeune fille, Thibaut de Champagne évoquait déjà les figures de Beauté, de Beau Semblant et de Danger :
Ausi cum l’unicorne sui
Qui s’esbahist en regardant,
Quant la pucele va mirant.
Tant est lié de son ennui
Pasmee chiet en son giron ;
Lors l’ocit on en traïson.
Et moi ont mort d’autel semblant,
Amors et ma dame pour voir ;
Mon cuer ont, n’en puis point ravoir
[…]
(Thibaut de Champagne, Chanson XXXIV)
( Je suis comme la licorne qui est frappée de stupeur en contemplant la jeune fille ; éprouvant un si doux malaise, elle tombe pâmée sur son sein. On la tue alors par traîtrise Ainsi m’ont blessé à mort Amour et ma dame. Ils tiennent mon coeur, je ne puis le ravoir […]