Le Roman de la Rose
Fol. 6 : Oiseuse (l'oisiveté) ouvre la porte du Verger à l'Amant
Guillaume de Lorris et jean Meun, 1230-1280.
Parchemin. - 200 ff. - 350 x 250 x 35 mm
BNF, Manuscrits (Fr. 12595 fol. 006)
© Bibliothèque nationale de France
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Quand ainsi m'eut ouvert la porte
Du jardin la pucelle accorte,
———
Je lui dis merci doucement,
Et puis lui demandai comment
Elle avait nom, qui était-elle.
Ne fut pas fière la pucelle
Et répondit incontinent :
"Je me fais appeler Oiseuse
Ici parle Oiseuse [ Enluminure ]
"De tous mes intimes vraiment.
Je suis riche, puissante, heureuse ;
Car tout le jour j'ai moult bon temps
Et veille à mes ajustements ;
Quand ma toilette est terminée,
Tout le reste de la journée
Tranquille passe à mon plaisir,
A jouer, à me divertir.
De Déduit suis la bonne amie,
Charmante et douce compagnie,
Le maître de ces beaux jardins.
De la terre des Sarrazins
Il fit jadis venir les plantes
En ce verger si florissantes.
Quand tous ces arbres furent grands,
Ce mur, qu'avez dû voir céans,
Alors Déduit fit autour faire,
Et par dehors y fit pourtraire
Ces peintures et ces tableaux
Qui ne sont séduisants ni beaux,
Mais pleins de tristesse et misère,
Ainsi que l'avez vu naguère.
Souvent vient s'éjouir en paix,
Ici, cherchant l'ombre et le frais,
Déduit et les gens qui le suivent,
Qui de joie et de soulas vivent.
Tenez, les gais rossignolets,
Pinsons et autres oiselets,
Ici près encore sans doute
———
Déduit tranquillement écoute.
Avec ses gens tout le jour
Il s'ébat, car plus beau séjour
Il ne saurait trouver sur terre
Pour reposer et se distraire.
Les amis que le beau Déduit
Avec lui mène et qu'il conduit
Sont la plus gente compagnie
Que ne verrez de votre vie."
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