« Le Dit dou vergier »
Guillaume de Machaut, Dit du Verger, Paris, second quart du XVe s..
BNF, Manuscrits, français 1587, f. 48
© Bibliothèque nationale de France
Le Roman de la rose a constitué un modèle achevé de poésie savante aux yeux des auteurs du XIVe siècle. Le Dit du verger, pièce narrative en vers de Guillaume de Machaut, est un songe allégorique calqué sur la partie du Roman attribuée à Guillaume de Lorris. En proie aux souffrances d’un amour non réciproque, le narrateur pénètre dans un verger merveilleux, au printemps :
Et tant estoit de joie pleins
Li lieus dont il estoit enseins
Et a vëoir si gracieus,
Si nobles et si amoureus,
Car quant je l’os par bon loisir
Resgardé tout à mon desir,
Je ne say ce que ce pooit estre
Fors que le paradis terrestre.
Guillaume de Machaut, « Le Dit dou vergier », dans OEuvres de Guillaume de Machaut…, 1908, t. I, p. 13-56, v. 59-66.
(Et le lieu où il [cet arbre] se trouvait était tant rempli de joie, si gracieux à regarder, d’allure si noble et si propice à l’amour, que bien que je l’aie regardé à mon aise, autant que je désirais, je ne sais ce qu’il pouvait être, sinon le paradis terrestre.) Perché dans un arbre du verger, le dieu d’Amour, maître des lieux, tient un dard et un brandon. Six jeunes filles (Grâce, Pitié, Espérance, Souvenir, Franchise, Attemprance) et six damoiseaux (Voloir, Penser, Dous Plaisir, Loiauté, Celer, Désir) forment son joyeux entourage.
Contrairement au Roman de la rose, il n’y a pas de péripéties dans ce récit où l’Amour décrit, du haut de sa chaire végétale, la lutte de ses douze partisans contre leurs adversaires personnifiés (Danger, Honte, Peur…).