Le 2e bataillon de la 10e légion au pont Saint-Michel

D’après un dessin de Marchais, vers 1848

Insurrection de 1848 à Paris : le pont avant l’arrivée du 12e de ligne et du 19e bataillon de la Garde Mobile, le 23 Juin 1848, à 7 h du soir
Lithographie en camaïeu, 21,7 x 38,2 cm
BnF, département des Estampes et de la Photographie, RÉSERVE QB-370 (116)-FT4
© Bibliothèque nationale de France
Dans Mon cœur mis à nu, dont les notes préparatoires furent écrites par Baudelaire entre 1859 et 1865, l’auteur évoque ses souvenirs de la révolution de 1848.
 
Transcription :
 
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MON CŒUR MIS A NU
 
Mon ivresse en 1848.
De quelle nature était cette ivresse ?
Goût de la vengeance. Plaisir naturel de la démolition.
Ivresse littéraire ; souvenir des lectures.
 
Le 15 Mai. – Toujours le goût de la destruction. Goût légitime, si tout ce qui est naturel est légitime.
 
Les horreurs de Juin. Folie du peuple et folie de la bourgeoisie. Amour naturel du crime.
 
Ma fureur au coup d’État. Combien j’ai essuyé de coups de fusil ! Encore un Bonaparte ! Quelle honte !
Et cependant tout s’est pacifié. Le Président n’a-t-il pas un droit à invoquer ?
 
Ce qu’est l’Empereur Napoléon III. Ce qu’il vaut. Trouver l’explication de sa nature, et sa providentialité.
 
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Mon cœur mis à nu
 
Être un homme utile m’a paru toujours quelque chose de bien hideux.
 
1848 ne fut amusant que parce que chacun y faisait des utopies comme des châteaux en Espagne.
 
1848 ne fut charmant que par l’excès même du ridicule.
 
Robespierre n’est estimable que parce qu’il a fait quelques belles phrases.
 
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La Révolution, par le sacrifice, confirme la superstition.