Les Limbes dans Le Messager de l’Assemblée du 9 avril 1851

Charles Baudelaire

BnF, fonds du service Reproduction, GR FOL-LC2-2161
© Bibliothèque nationale de France
Le titre Les Limbes sous lequel paraissent ici onze poèmes des futures Fleurs du Mal est celui que Baudelaire envisagea pour son recueil de novembre 1848 jusqu’à l’année 1852 au moins. D’une grande richesse de signification, il fait probablement référence, à une époque où Baudelaire s’était laissé gagner à ce qu’il appellera plus tard les « enthousiasmes enfantins de l’utopie », aux « périodes limbiques » de la théorie fouriériste de l’Histoire : un âge de malheur et d’attente précédant l’avènement de l’harmonie sociale.
Mais le mot est d’abord chargé du sens que lui a donné la théologie chrétienne : les limbes sont le lieu décrit par Dante comme le premier cercle de l’Enfer où errent les ombres d’Orphée, des poètes et des grands hommes de l’Antiquité, séjour des justes morts sans avoir reçu le baptême, condamnés à « vivre dans le désir sans espérance » (La Divine Comédie, « L’Enfer », ch.  IV, trad. P.-A. Fiorentino).