Aventure

Les classiques de l'aventure

Les termes en usage aux États-Unis (comics, funnies) comme au Japon (manga, littéralement " image grotesque, dérisoire ") disent clairement ce que l’on attendait jusque-là des cartoonistes : faire rire ou sourire. Toutefois, dans les années 1930 et 1940, la bande dessinée s’écarte de l’humour, sa vocation première. Sous l’influence des comics américains qui envahissent alors le marché européen, mais aussi du cinéma hollywoodien, une bande dessinée d’aventures se développe avec Hans Kresse aux Pays-Bas, Frank Bellamy au Royaume-Uni ou Franco Caprioli en Italie. Elle cultive une esthétique plus " réaliste " – naturaliste et, trop souvent, académique – au service d’intrigues aux ressorts dramatiques, avec moult rebondissements et suspenses. Agents de la loi, chevalier du Bien, redresseurs de torts, les héros charismatiques virils proposés à l’admiration des jeunes lecteurs sont détectives, cow-boys, preux en armures, aviateurs, explorateurs, reporters, pilotes de course ou vengeurs masqués…

Lointain Far West



Le western en bande dessinée est surtout populaire en France (Jim Boum dès 1934) et en Italie (Kit Carson en 1937). Il s’inspire fréquemment de figures légendaires de l’Ouest américain, mais il est aussi l’héritier d’une dramaturgie élaborée pour le grand écran. Évoluant parallèlement au cinéma dans le dernier quart du XXe siècle, il fait la part belle aux Indiens et célèbre la nature sur le mode écologiste. Le Far West apparaît par excellence comme le lieu de toutes les aventures, celui où les caractères bien trempés, tels ceux des Blueberry par Jean Giraud, Red Dust par Hermann ou Buddy Longway par Derib, peuvent être appelés à un destin hors norme. Les dessinateurs qui ont choisi de l’illustrer excellent souvent dans la représentation des grands espaces, des chevaux et de l’action.
Le genre peut également donner lieu à un traitement humoristique. Ainsi, en 1946, Morris imagine pour Spirou un cow-boy de fantaisie, justicier solitaire et flegmatique, flanqué d’un cheval moqueur, Jolly Jumper, et traînant derrière lui " le chien le plus bête de l’Ouest ", Ran Tan Plan. Dans la même veine parodique, Goscinny développe, avec Uderzo, le personnage d’Oumpah-pah l’Indien, tandis que Poirier crée Horace, cheval de l’Ouest, et Jacovitti Cocco Bill.

Les maîtres des autres mondes


La science-fiction dessinée fut d’abord américaine, avec Buck Rogers, Brick Bradford ou Flash Gordon. Depuis les années 70, cependant, c’est dans la francophonie que l’on a vu apparaître les œuvres les plus inspirées, les visions souvent spectaculaires des principaux dessinateurs influençant à leur tour le cinéma hollywoodien (Alien, Blade Runner, Star Wars…). Les artistes de la bande dessinée, tels François Schuiten, Moebius ou Philippe Druillet, ont su incarner les spéculations des meilleurs écrivains du genre en créant sur le papier des univers alternatifs originaux et convaincants, réinventant décors, costumes, habitat, technologie, etc. Entre l’anticipation scientifique à la Jules Verne, l’épopée intergalactique (ou space opera) et la chronique de temps barbares (heroïc fantasy), la science-fiction graphique déploie tous ses sortilèges.