La mise en couleurs
  

La couleur en bande dessinée assume essentiellement trois fonctions : la première est une fonction analogique (la couleur au service d’une vision conformiste du monde, qu’il s’agit de reproduire avec exactitude). Les deux autres, symbolique et esthétique, sont apparues plutôt après la guerre, grâce aux nouvelles possibilités de l’imprimerie et au développement du genre comme art à part entière.
L’idée s’est alors imposée que la couleur pouvait renforcer, voire créer une atmosphère. Pour l’école franco-belge, partisane des aplats pastels, la couleur a pour objectif principal de souligner l’action, d’identifier et de codifier les personnages et les situations. Seul Jacobs a vraiment tiré parti de ses ressources symboliques et esthétiques.
  

  

Aujourd’hui, l’ambiance d’une séquence dépend largement du choix des coloris, qui suggèrent tantôt le calme, tantôt la violence, l’agressivité, tantôt encore l’attente.
Ainsi, le rôle du coloriste a beaucoup évolué : les couleurs parfois même dessinent les formes plutôt qu’elles ne les remplissent ; de nombreuses innovations graphiques voient le jour, le pastel, l’aquarelle, l’acrylique, la peinture à l’huile font leur entrée dans les planches de la bande dessinée.
La lisibilité ne passe plus forcément par la transparence du trait et le rapprochement avec la peinture est de plus en plus flagrant.