Le scénario
  

" Écrire pour la bande dessinée, ce n’est pas seulement proposer une histoire captivante et de beaux dialogues, c’est aussi, et peut-être surtout, susciter chez le dessinateur le désir de l’image " (Benoît Peeters, La Bande dessinée).
De nombreux auteurs créèrent à la fois les composantes graphiques et langagières de leurs œuvres : c’est le cas d’Hergé pour qui texte et dessin étaient indissociables, mais aussi de Jacobs, Fred, Martin et bien d’autres encore… Mais la plupart des bandes dessinées sont composées à quatre mains et le rôle du scénariste, longtemps sous-estimé, est en réalité fondamental : non seulement il invente les personnages et imagine le déroulement complet de l’histoire, mais il doit aussi visualiser chaque scène du récit, la penser en images et adapter le texte au rythme de la planche.
  

Pour parvenir à la meilleure harmonie possible entre texte et image, le scénariste découpe sa narration en plusieurs parties : d’un côté, les textes du récit (dialogues des bulles et récitatif) et de l’autre, toutes les indications concernant la description, le point de vue et le cadrage (plans, décors, atmosphère, couleurs). C’est lui qui définit le nombre de cases par séquence. Ce travail à la fois d’écrivain, de metteur en scène et de technicien suppose une maîtrise parfaite du rythme de la narration et une excellente connaissance du dessin. De nombreux scénaristes ont d’ailleurs commencé comme dessinateurs (Lob, Charlier, Goscinny, notamment). L’échange instantané du verbal et du visuel, essence même du neuvième art suppose une complicité étroite entre le dessinateur et le scénariste ; ainsi, il est fréquent que le premier prenne part au récit tandis que le second envisage son récit en images. C’est le cas de certains couples devenus aussi célèbres que leurs œuvres : Giraud et Charlier, Goscinny et Uderzo ou encore Christin et Mézières.