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La case
La case est employée pour le récit en séquences d'images
comme pour la vignette isolée, son cadre constituant un des instruments de la fonction
narrative de l'image. Ce procédé est imposé par la forme rectangulaire des surfaces à
peindre, qu'il s'agisse de murs ou de pages manuscrites. Ces surfaces sont le plus souvent
divisées en registres, eux-mêmes rectangulaires : le registre, séparé par des
colonnes rectilignes, donne des espaces rectangulaires ou carrés. La partie supérieure
s'arrondit au XIIIe siècle sous une arcature en plein cintre. La période
gothique affectionne l'arcature trilobée : très élancées, plus hautes que larges, les
cases servent alors d'encadrement. La case quadrilobée est pratiquée dans certains
manuscrits quand dautres, telle la Bible française exécutée à Acre à la demande
de saint Louis, présentent successivement tous les types possibles de cases, dans un but
purement esthétisant. Le XIIIe siècle privilégie le sens esthétique à
l'effet narratif. La lisibilité s'en ressent quelquefois. |
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Expérimentée dès les temps
carolingiens sans grand succès d'estime, la case ronde s'est imposée au XIIIe
siècle, essentiellement dans des séries d'images typologiques des bibles moralisées,
rarement dans les récits en séquences d'images. Sa forme rappelle celle des fenêtre
d'églises ou de cathédrales, des petits " oculus " de chapelles
rurales jusqu'aux rosaces des cathédrales. Elle apparaît dans un contexte séquentiel à
partir du XVe siècle, et encore faut-il prendre la séquence au sens large.
Dans un manuscrit flamand du XVe siècle, lartiste recourt à des images
rondes pour présenter des vues, mais les épisodes du récit se déroulent dans des cases
carrées et rectangulaires, au bord supérieur faiblement arrondi ou rectiligne. Il savait
varier sa mise en page et employer, sur un même feuillet, des modules variés. |
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Avec la
séparation en cases et registres par de simples lignes droites, notamment dans les
fresques d'églises ou de chapelles aux XIVe et XVe siècles, la
case prend une forme régulière et invariante, celle de rectangles tous identiques. Le
mur de l'église présente un rectangle disposé sur un plan horizontal qui appelle
naturellement la case rectangulaire allongée. Quant à la page de manuscrit, sa forme
rectangulaire disposée sur un plan vertical saccommode mieux de cases carrées à
raison de deux, trois ou quatre par registres. Toutefois, les artistes du Moyen Âge ne se
sont jamais soumis à l'existence des cadres ni à la régularité des registres. Dès les
premiers récits en séquences d'images, ils transgressent les limites graphiques de leurs
images, portés par un sens du narratif et par leur goût pour le mouvement.
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