Ouverture et fragments de La Fuite en Égypte, mystère en style ancien pour ténor solo, chœur et orchestre attribué à Pierre Ducré, maître de chapelle imaginaire [...]

Par Hector Berlioz. Partition d'orchestre. Manuscrit autographe (47 p., 23,5 x 27,7 cm)
BNF, Musique, Ms. 1160

Le nom de Pierre Ducré fut inspiré à Berlioz par celui de son condisciple de la villa Médicis, l'architecte Joseph-Louis Duc (1802-1879), qui compta parmi ses réalisations la colonne de Juillet et la restauration du Palais de justice de Paris. Dans une lettre à John Ella, Berlioz a narré la petite supercherie qui fut à l'origine de l'oratorio L'Enfance du Christ dont La Fuite en Égypte représente la première version. Lors d'une soirée mondaine, son ami Duc lui demande d'écrire quelques lignes pour son album : "Je prends un bout de papier, j'y trace quelques portées, sur lesquelles vient bientôt se poser un andantino à quatre parties pour l'orgue. Je crois y trouver un certain caractère de mysticité agreste et naïve, et l'idée me vient aussitôt d'y appliquer des paroles du même genre. Le morceau d'orgue disparaît, et devient le chœur des bergers de Bethléem adressant leurs adieux à l'enfant Jésus, au moment du départ de la Sainte-Famille pour l'Égypte." Pour donner à son manuscrit "tout le prix d'une curiosité archéologique", Berlioz y appose le nom d'un maître de chapelle imaginaire, Pierre Ducré. "Quelques jours après, j'écrivis chez moi le morceau du Repos de la Sainte Famille, en commençant cette fois par les paroles, et une petite ouverture fuguée, pour un petit orchestre, dans un petit style innocent, en fa dièze mineur sans note sensible ; mode qui n'est plus de mode, qui ressemble au plain-chant [...]."