Les Jardins du Palais-Royal

Par Frederick Nash. Dessin à la plume et lavis d'encre brune, aquarelle, 1829.
BNF, Estampes et Photographie, Ve 53g rés.

"C'était en 1830. Je terminais ma cantate quand la révolution éclata [...]. Ce fut pourtant quelques jours après cette révolution harmonieuse que je reçus une impression, ou pour mieux dire, une secousse musicale d'une violence extraordinaire. Je traversais la cour du Palais-Royal, quand je crus entendre sortir d'un groupe une mélodie à moi bien connue. Je m'approche et je reconnais que dix à douze jeunes gens chantaient en effet une hymne guerrière de ma composition [...]. Parvenus à la galerie Colbert qui conduit à la rue Vivienne [...] on nous somme de recommencer nos chants [...] nous commençons la Marseillaise. Aux premières mesures, la bruyante cohue qui s'agitait sous nos pieds s'arrête et se tait. N'y tenant plus, je leur crie : "Eh ! sacredieu ! chantez donc !" Le peuple, alors de lancer son : Aux armes, citoyens ! avec l'ensemble et l'énergie d'un chœur exercé. Il faut se figurer que la galerie qui aboutissait à la rue Vivienne était pleine, que celle qui donne dans la rue Neuve-des-Petits-Champs était pleine, que la rotonde du milieu était pleine, que les quatre ou cinq mille voix étaient entassées dans un lieu sonore fermé à droite et à gauche... en haut par des vitraux, et en bas par des dalles retentissantes." (Mémoires, XXIX)