Macbeth consultant les sorcières

Par Eugène Delacroix. Lithographie, 1825
BNF, Estampes et Photographie, Dc 183n Rés.

Delacroix n'avait pratiquement jamais abordé Shakespeare lorsqu'il exécuta, en 1825, Macbeth consultant les sorcières, le poète ne devant d'ailleurs devenir réellement une source d'inspiration pour lui qu'une dizaine d'années plus tard. Cette lithographie est d'autant plus exceptionnelle qu'il s'agit de la première de ses gravures où il aborde un thème littéraire précis. Il illustre ici la première scène de l'acte IV, où les trois sorcières vont faire surgir des esprits de leur chaudron, afin d'avertir Macbeth et de l'éclairer sur l'avenir. L'atmosphère nocturne, fantastique et dramatique de la scène est admirablement rendue par la technique en contrepartie de Delacroix, qui a dans un premier temps uniformément appliqué sur sa feuille un noir intense, dont il a ensuite dégagé les figures et les objets avec un grattoir. Les sorcières sortent ainsi de l'obscurité et se mêlent à la fumée du chaudron comme si elles étaient elles-mêmes des apparitions. Macbeth, à l'opposé, se détache plus fermement sur le fond. Les griffures parfois très fines dont celui-ci est parcouru donnent l'illusion de la fumée et celle de la lumière qui vient uniquement du feu incandescent et du liquide bouillonnant dans le chaudron. Selon Philippe Burty, Delacroix tenait cette estampe pour une de ses plus réussies.