H. C. Smithson née à Ennis le 18 mars 1802 | ||||
Par Achille Jacques Devéria, 1827. Lithographie (35 x 25 cm). Pour Souvenirs du Théâtre Anglais, chez Gaugain et Tastu, 1827 |
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BNF, Estampes et Photographie, N-2 | ||||
Harriet Constance Smithson est née le 18 mars 1800 (et non 1802 comme l’indique la légende de la lithographie, sans doute destinée à la rajeunir aux yeux du public) à Ennis, en Irlande. Sa carrière française commence en 1827, au Théâtre de l’Odéon, avec son triomphe dans les rôles shakespeariens d’Ophélie et de Juliette. Mais elle était déjà bien connue en Angleterre : elle avait interprété au moins vingt-six personnages différents, entre autres au théâtre de Drury Lane à Londres, où elle avait fait ses débuts en 1818. Berlioz, comme la majorité de la génération romantique parisienne, fut ébloui par ses interprétations des personnages de Shakespeare : il s’éprit à la fois du personnage et de l’actrice. Sa volonté de l’épouser rencontra de nombreux obstacles, à commencer par Harriet elle-même ; ses parents, de plus, ne voulaient pas voir leur fils épouser une actrice, plus âgée que lui de surcroît. Comme il avait plus de vingt-cinq ans, Berlioz pouvait cependant se marier contre leur volonté en utilisant la procédure des "sommations respectueuses" : il épousa finalement Harriet le 3 octobre 1833, à la chapelle de l’ambassade d’Angleterre. Un fils, Louis-Clément-Thomas Berlioz, leur unique enfant, naquit l’année suivante, le 14 août 1834. La vogue du théâtre anglais ayant disparu, la carrière d’Harriet Smithson devait malheureusement connaître le déclin très rapidement : malade et très isolée à la fin de sa vie, elle mourut le 3 mars 1854, à Paris. Berlioz a laissé dans les Mémoires une longue méditation funèbre sur Harriet, dont la disparition fut saluée également par Jules Janin. "Nous ne pouvions ni vivre ensemble ni nous quitter et nous avons réalisé cet atroce problème pendant les dix dernières années. Nous avons tant souffert l’un par l’autre. Je viens du cimetière encore, je suis tout seul ; elle repose sur le versant de la colline la face tournée vers le nord, vers l’Angleterre où elle n’a jamais voulu retourner." (Lettre à Adèle Suat, 6 mars 1854)
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