Esquisse pour la Mort de Sardanapale | ||||
Par Eugène Delacroix, 1826. Huile sur toile (81 x 100 cm) |
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Paris, musée du Louvre, 96DE23101 / RF 2488 | ||||
Le sujet de Sardanapale, ce roi légendaire d'Assyrie qui perdit le pouvoir à la suite d'une conspiration et choisit de mourir en se jetant avec sa maîtresse Myrrha dans les flammes d'un gigantesque bûcher, avait été rendu célèbre d'abord par le drame de Byron, Sardanapalus (1821, traduit en France en 1822) et par le tableau de Delacroix exposé au Salon de 1827-1828. Le thème devait rapidement prendre une certaine vogue, puisque Sardanapale est le héros du texte écrit par Jean-François Gail pour la cantate proposée au concours du grand prix de Rome de composition musicale en 1830 – l'année où Berlioz (c'était sa cinquième tentative) remporta le premier grand prix. La partition que Berlioz remit au jury est aujourd'hui en grande partie perdue, mais ses lettres et ses Mémoires permettent de se faire une idée de ce qu'elle contenait. Pour obtenir le prix, il observa prudemment le style académique : une fois la récompense obtenue, il ajouta une dernière partie à sa cantate, une "description musicale" de l'incendie, dont le texte de Gail décrivait "la flamme dévorante allumée par Mithra". Le 31 octobre 1830, le lendemain du concert où fut donnée la cantate intégrale, Berlioz écrit à son père et donne une description de sa musique marquée par l'interprétation romantique du mythe de Sardanapale : "Je ne craignais plus les académiciens et j'ai laissé agir mon imagination. J'ai fait revenir au milieu du tumulte de cet incendie tous les motifs de la scène, amoncelés les uns sur les autres : [...] tout cet effroyable amalgame d'accents de douleur, de cris de désespoir, ce langage orgueilleux dont la mort même ne peut effrayer l'audace, ce bruissement des flammes, aboutissant à un écroulement du palais qui fait taire toutes les plaintes et éteint les flammes."
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