Abraham Bosse | ||||
La Femme battant son mari, v. 1633 | ||||
Eau-forte, avec quelques rehauts de burin ; la lettre est gravée au burin. 209 x 300 image seule ; 255 x 326 au filet extérieur | ||||
BNF Est., Ed 30, rés.* | ||||
Une jeune femme aux cheveux clairs, le sourire aux lèvres, donne un franc coup de pied sur le tibia de son mari agenouillé. De sa main gauche elle serre le poignet droit de l'homme (lequel tient un bâton, sans doute avait-il formé le projet téméraire d'en user sur son épouse), et de la main droite lui balance à toute volée son trousseau de clés sur la figure ; le malheureux, son chapeau tombé par terre, porte la main à son front ensanglanté. Inspirée par l'exemple maternel, une petite fille corrige son frère à coups de poing, tandis que, à droite de l'image, une poule terrasse un coq auquel elle arrache quelques plumes. La scène se passe dans un intérieur bourgeois. Caché dans la ruelle du lit, à gauche, un autre homme, l'amant si l'on en croit la légende en vers, assiste sans déplaisir à une scène dont il est peut-être la cause immédiate, et fait un geste de complicité à l'égard du spectateur. À droite, un feu brûle dans l'âtre ; à côté de la cheminée est suspendue une image représentant la Vierge et saint Jean au pied de la croix, sujet évidemment sans rapport avec la dispute conjugale. Deux pots de fleurs, contenant des oillets mignardises et un petit buis taillé, sont disposés côte à côte sur l'appui de la fenêtre ouverte. | ||||
En bas, vers la gauche : ABosse jn. et fe., et vers la droite : le Blond excud auec Priuilege. Dans la marge inférieure, 4 colonnes de 4 vers : Voyez comme cette Guenon / Aussi cruelle que lubrique / Ace pauure sot fait la nique, / Qui n'est son mary que de nom. // Monsieur le Coquin, luy dict Elle, / Vous faites le mauuais en vain, / Car ie tiens des clefs à la main, / Qui vous ouuriront la ceruelle. // Vn châcun se donne le choq / Durant c'et excez de colere : / La sour òse gourmer le frere, / Et la poule attacque le Coq. // Mais ce verd Galand, qui pour rire / Attend la Donzelle en son lict, / Considere ce beau conflit, / Et iuge des coups sans rien dire. Dans une bordure de feuilles d'acanthe. | ||||