Abraham Bosse | ||||
Planche 3 (p. 61) | ||||
pour Manière universelle de M. Desargues pour pratiquer la perspective par petit pied, comme le géométral, Ensemble des places et proportions des fortes et faibles touches, teintes ou couleurs, par A. Bosse, Paris, Pierre des Hayes, 1647-48, in-8° | ||||
Eau-forte. 130 x 85 BNF Est., Ed 30, rés. | ||||
Bosse étend à l'espace la notion de rayonnement de la vue. Il fait partir des huit sommets d'un pavé droit des filets et réalise ainsi une pyramide visuelle dont le sommet est l'oil de l'observateur. Mieux, il généralise cette notion à l'ombre du pavé, considéré comme un objet ordinaire, ce qui lui permettra plus tard d'appliquer aux ombres et ombrages les règles générales de la perspective. On retrouve dans cette estampe le même type de composition insolite avec un personnage élégamment vêtu à l'antique associé à une figure géométrique simple dans un décor vide. Les géomètres exigeants remarqueront que les lois de la perspective ne sont pas respectées - par exemple, les arêtes parallèles (hd), (fc), (tp) et (qr) ne sont pas représentées par des droites concourantes -, ce qui peut être interprété comme une volonté esthétique de Bosse de ne pas trop déformer le pavé droit. Cette estampe est suffisamment évocatrice pour que le célèbre mathématicien anglais Brook Taylor la reprenne, en la modifiant quelque peu, dans son ouvrage de 1719, New Principles of Linear Perspective. Cela montre que ce traité de Bosse, dont on sait qu'il fut traduit en hollandais en 1664, fut largement connu en dehors de Paris et eut l'honneur d'inspirer directement l'auteur du premier grand traité de perspective écrit en Angleterre. | ||||