Abraham Bosse
Illustrations pour A. Bosse, Différentes manières de dessiner et peindre, suite de 52 estampes non signées

Eaux-forte. 142 x 86.
BNF Est., Ed 30, rés.

Un certain nombre de traités que Bosse annonçait en 1667 comme étant sous presse n'ont visiblement pas vu le jour. Tel n'est pas le cas de son Traité sur les manières de dessiner et peindre, dont on trouve trace, malgré tout, de manière posthume. Il devait s'agir, selon les dires de Bosse, d'un traité in-8°, accompagné d'un bon nombre d'estampes, comprenant deux parties en un volume, l'une sur les premiers enseignements de la "portraiture" pour la jeunesse, l'autre composée de diverses manières de peindre et colorer, avec des développements techniques consacrés aux crayons, à la miniature, à la détrempe, à la fresque, à l'huile et à l'émail (A. Bosse, Le Peintre converty..., 1667, p. 2). Le catalogue des ouvres de Bosse paru sept ans plus tard précise à nouveau : "Outre ce qui précède, le Sieur Bosse a 3 ou 4 traités fort avancés, l'un pour l'instruction de la jeunesse, à commencer le dessein ou la portraiture à vue d'oil de toutes sortes de manières soit au crayon à la plume et au pinceau qui est ce que doit contenir sa première partie. Et la seconde toutes celles de peindre et colorer, même d'émail, sur l'or et sur le cuivre puis sur le verre, que les Vitriers nomment travail d'apprêt [...] : ces traités auraient paru il y a bien du temps sans d'autres travaux qu'il lui a fallu faire, et pour dire plus, s'il n'eût manqué de fonds".
Aussi est-il probable que le traité n'ait pas été imprimé sous la forme projetée par Bosse et que le texte, notamment, en soit perdu. Pour autant, la réalisation des cuivres devait être avancée, et un recueil publié par Jombert en 1737 comme étant le livre de Bosse pour apprendre à dessiner rassemble des estampes que l'on attribue volontiers pour leur majeure partie à Bosse, ne serait-ce que par leur maniement de l'eau-forte, en rivalité évidente avec la netteté et la régularité du burin, ainsi que l'illustrent bien les deux portraits ci-dessus. Ce recueil de Jombert souligne l'intérêt constant de Bosse pour la pédagogie de la peinture, notamment après son départ de l'Académie, et sans doute encore en rivalité avec elle, comme en témoignent les estampes retenues ici : la reprise des estampes anatomiques d'écorchés et de squelettes d'après Vésale, la présentation comme tête d'expressions des visages de La Manne de Poussin (voir images 313 et 314) sont-elles si anodines autour de 1667, l'année même où Le Brun prononce sa célèbre conférence sur le tableau de Poussin et où Tortebat lit à l'Académie son Abrégé d'anatomie tiré de Vésale ?