Ebauche
Le
roman doit être ceci : montrer le milieu peuple, et expliquer
par ce milieu les murs peuple ; comme quoi, à Paris, la
soûlerie, la débandade de la famille, les coups, l'acceptation
de toutes les hontes et de toutes les misères vient des conditions
mêmes de l'existence ouvrière, des travaux durs, des promiscuités,
des laisser-aller, etc.. En un mot, un tableau très exact de
la vie du peuple avec ses ordures, sa vie lâchée, son langage
grossier ; et ce tableau ayant comme dessous, - sans thèse cependant
- le sol particulier dans lequel poussent toutes ces choses. Ne pas
flatter l'ouvrier, et ne pas le noircir. Une réalité absolument
exacte. Au bout, la morale se dégageant elle-même. Un bon
ouvrier fera l'opposition, ou plutôt non ; ne pas tomber dans
le Manuel. Un effroyable tableau qui portera sa morale en soi.
Ma
Gervaise Macquart doit être l'héroïne. Je fais donc
la femme du peuple, la femme de l'ouvrier. C'est son histoire que je
conte.
Son histoire est celle-ci. Elle s'est sauvée de Plassans à
Paris avec son amant Lantier, dont elle a deux en-
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