Gervaise,
née en 1828, 22 ans en 1850, bancale de naissance, la cuisse
droite déviée et amaigrie, reproduction héréditaire
des brutalités que sa mère avait eues à endurer
dans une heure de lutte et de soûlerie furieuse, grande fille
fluette, avec une jolie petite face ronde ; son infirmité est
presque une grâce ; - a un enfant à quatorze ans, Claude,
de Lantier, ouvrier tanneur à peine âgé de dix-huit
ans ; quatre ans plus tard en a un autre enfant Etienne ; - se sauve
à Paris dans les premiers jours de février avec son amant,
en 1850 ; Claude a huit ans et Etienne quatre ans ; - est abandonnée
par Lantier trois mois après son arrivée, dans les premiers
jours de mai. A ce propos, voici l'histoire : ils sont descendus à
la Villette, sur le boulevard extérieur, dans un hôtel,
les deux amants et les deux enfants. Lantier, très gâté
par sa mère, une maîtresse et digne femme, est venu à
Paris, avec le petit héritage qu'elle lui a laissé, très
peu de chose, dix-sept cents francs par exemple. Avec cela, il devait
établir Gervaise, lui-même devait travailler, non pas de
son état de tanneur, dont il a un peu honte, mais travailler
à placer des produits du midi. Pourtant, ils sont restés
à l'hôtel et ils ont tout mangé sans savoir à
quoi ; après trois
|