"Tout
Aurélien sort d'une phrase [...] imaginée en marchant
dans les rues de Nice." Reconnaissant un rôle déterminant
aux incipit dans la genèse de ses principaux romans, Aragon s'est
interrogé sur la survenue de ces "phrases initiatrices", "phrases
de réveil", leur attribuant une vertu magique, sorte de "Sésame,
ouvre-toi !" Dans Je n'ai jamais appris à écrire
ou les Incipit, il rapporte les réflexions de Véniamine
Kavérine sur les débuts des romans : "La première
phrase c'est le pied d'un arc qui se déploie jusqu'à l'autre
pied, à la phrase terminale" ; ou encore : "C'est le
la, auquel l'écrivain prête l'oreille." Aragon emprunte à
l'écrivain soviétique ces images pour les appliquer à
Aurélien, dont la première phrase "donne le la de
toute cette longue histoire qui va d'une guerre à l'autre [...]
pour se clore, Bérénice une fois morte, sur la phrase :
"Maintenant il faut la ramener à la maison..." dont j'imagine assez
bien qu'elle est le second pied de l'arc." |