Composés
de longs morceaux de texte, de fragments, d'ébauches, de bribes,
les manuscrits de Dieu sont les témoins d'un gigantesque
chantier sur lequel Hugo travailla en exil et qu'il "oublia" dans une
malle à son retour en France. L'écrivain avait-il une idée
précise de son objectif ? Après un premier jet intitulé
Solitudines cœli, dont il donne lecture à ses proches en
mai 1855, il écrit, un an plus tard à son éditeur,
que le titre Dieu est "le seul possible". Dans un essai de préface,
il énonce son but : "Méditer devant ce redoutable point
d'interrogation est selon nous le devoir de tout esprit. De là
ce livre." Mais le désir d'expliquer Dieu fait affluer une multitude
de voix, de points de vue, et les manuscrits laissent voir les difficultés
de l'écrivain à organiser son projet, ses recherches de
composition poétique d'une logique et d'une histoire, en même
temps que le foisonnement des possibles d'une œuvre en devenir - œuvre
abandonnée qui portait en elle son inachèvement : comment
peut-on en finir avec Dieu ? |