"Testament
du curé Meslier" |
"Mémoire
des Pensées et Sentiments de J[ean] M[eslier], Pr[être]
Cu[ré] d'Estrep[igny] et de Bal[aives] sur une partie des erreurs
et des abus de la conduite et du gouvernement des hommes où l'on
voit des démonstrations claires et évidentes de la vanité
et de la fausseté de toutes les Divinités et de toutes
les Religions du monde pour être adressé à ses paroissiens
après sa mort et pour leur servir de témoignage de vérité
à eux et à tous leurs semblables" |
II-311 f., 18 x 13,5 cm |
BNF, Manuscrits, Fr. 19458, f. 1 |
Quand l'humble curé d'étrépigny meurt, en 1729, il a recopié en trois exemplaires le message destiné à ses paroissiens, somme philosophique distribuée en neuf "Preuves de la vanité et de la fausseté des Religions", nourrie par un athéisme et un matérialisme fédérateurs qui débouchent sur une virulente critique sociale et politique. C'est le vécu, l'insertion trente ans durant dans un petit village de Champagne, qui portent la réflexion de Jean Meslier (1664-1729), donnent à son œuvre profondeur et originalité, font de cet homme isolé un précurseur. Mais son message restera longtemps occulté. De ces trois volumineux manuscrits et des douze copies retrouvées dans des bibliothèques privées, seuls des extraits seront connus, centrés sur la critique exégétique, bientôt truffés de commentaires adventices, voire même de passages d'œuvres du baron d'Holbach. Plus de cent exemplaires manuscrits circulaient lorsque Voltaire lui-même, alerté dès 1735 sur ce "curé de village [...] aussi philosophe que Locke", allait participer à cette campagne réductrice en publiant en 1762, dans sa croisade contre "l'infâme", un Extrait des sentiments de Jean Meslier, bientôt appelé "Testament du curé Meslier". Une première édition complète, à Amsterdam en 1864, passa totalement inaperçue. Les extraits furent republiés plusieurs fois avant la magistrale publication de Jean Deprun, Roland Desné et Albert Soboul en 1970. |
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