Avec
son "roman populaire", Zola expérimente une écriture différente :
il met dans la bouche de ses personnages leurs propres termes et utilise
des tournures familières jusque dans la narration. Il s'est constitué
pour cela des listes de mots et d'expressions à partir de son expérience
et de ses lectures : un ouvrage sur le milieu ouvrier, Le Sublime
ou le Travailleur comme il est en 1870... de Denis Poulot et le Dictionnaire
de la langue verte d'Alfred Delvau. Dès la sortie de L'Assommoir
en feuilleton, les critiques, à quelques rares exceptions près,
éreintent l'auteur autant sur la forme que sur le contenu et l'emploi
de l'argot lui est violemment reproché. Il s'en justifie lors de
la publication du livre, dans la préface : "Mon crime est
d'avoir eu la curiosité littéraire de ramasser et de couler
dans un moule très travaillé la langue du peuple [...].
Des dictionnaires de cette langue existent pourtant [...]. Elle est un
régal pour les grammairiens fureteurs." Et il revendique "un travail
purement philologique [...] d'un vif intérêt historique et
social". |