|
|
|
Coupeau, lui aussi, ne comprenait pas qu'on
pût avaler de pleins verres d'eau-de-vie. Une prune par-ci, par-là, ça
n'était pas mauvais. Quant au vitriol, à l'absinthe et aux autres
cochonneries, bonsoir ! il n'en fallait pas. Les camarades avaient
beau le blaguer, il restait à la porte, lorsque ces cheulards-là
entraient à la mine à poivre. Le papa Coupeau, qui était zingueur comme
lui, s'était écrabouillé la tête sur le pavé de la rue Coquenard, en
tombant, un jour de ribote, de la gouttière du n° 25 ; et ce
souvenir, dans la famille, les rendait tous sages. Lui, lorsqu'il passait
rue Coquenard et qu'il voyait la place, il aurait plutôt bu l'eau du
ruisseau que d'avaler un canon gratis chez le marchand de vin. Il conclut
par cette phrase :
"Dans notre métier, il faut des jambes solides."
Émile Zola, L'Assommoir,
chapitre II.
|