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Ça n'était pas juste, son accident ;
ça n'aurait pas dû lui arriver, à lui un bon ouvrier, pas fainéant,
pas soûlard. À d'autres peut-être, il aurait compris. "Le papa
Coupeau, disait-il, s'est cassé le cou, un jour de ribote. Je ne puis pas
dire que c'était mérité, mais enfin la chose s'expliquait... Moi, à
jeun, tranquille comme Baptiste, sans une goutte de liquide dans le corps,
et voilà que je dégringole en voulant me tourner pour faire une risette
à Nana !... Vous ne trouvez pas ça trop fort ? S'il il y a un
Bon Dieu, il arrange drôlement les choses. Jamais je n'avalerai
ça."
Et, quand les jambes lui revinrent, il garda une sourde rancune contre le
travail. C'était un métier de malheur, de passer ses journées comme les
chats, le long des gouttières. Eux pas bêtes, les bourgeois ! ils
vous envoyaient à la mort, bien trop poltrons pour se risquer sur une
échelle, s'installant solidement au coin de leur feu et se fichant du
pauvre monde. Et il en arrivait à dire que chacun aurait dû poser son
zinc sur sa maison. Dame ! en bonne justice, on devait en venir
là : si tu ne veux pas être mouillé, mets-toi à couvert. Puis, il
regrettait de ne pas avoir appris un autre métier, plus joli et moins
dangereux, celui d'ébéniste, par exemple. Ça, c'était encore la faute
du père Coupeau ; les pères avaient cette bête d'habitude de
fourrer quand même les enfants dans leur partie.
Émile Zola, L'Assommoir,
chapitre IV.
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