patience...
 
  L’orgue de la Création de Kircher
Athanasius Kircher,
Musurgia universalis, sive Ars magna consoni et dissoni in X. libros digesta
Rome, héritiers de F. Corbelletti, 1650. 2 vol. In-fol.
Paris, BnF, Réserve des livres rares, Rés. V. 590-591
 
Considéré de son vivant comme le « phénix des savants », le jésuite allemand Athanasius Kircher (1601-1680) aborda presque tous les domaines du savoir de son temps, étudiant aussi bien l’astronomie, l’optique, la géologie, la musique, que le magnétisme, les hiéroglyphes, l’alchimie ou la kabbale. La Musurgia universalis (1650), « œuvre universelle des Muses », est un traité de musicologie dans lequel il opère une synthèse des pratiques de composition italiennes et allemandes des XVIe et XVIIe siècles, introduit le concept d’une musica pathetica visant à exprimer les émotions, et établit une méthode originale de classification des styles musicaux fondée sur des caractéristiques sociales et nationales. Mais pour Kircher, la musique est avant tout une branche des mathématiques : ses rapports harmoniques traduisent l’harmonie cosmique, laquelle reflète l’harmonie archétypale de Dieu. La gravure présentée illustre la vision musicale de l’hexaméron dans laquelle le « monde est comparé à un orgue » dont l’organiste est Dieu. Au sommet, le Saint-Esprit prononçant la parole divine « Fiat lux » engendre l’harmonie du premier jour, tandis qu’à chacun des jours suivants correspond une autre harmonie.