L’image ci-dessus représente la séquence finale de l’une des démonstrations annuelles des pompiers de Tokyo, dans leurs fonctions de veille et d’intervention. Les longues échelles qu’utilisent les soldats du feu japonais, comme ceux du monde entier, sont ici réduites à leur plus simple expression. Une fois les barreaux détachés des montants, il ne reste qu’une solide perche de bambou, sur laquelle le veilleur prend position dans des conditions périlleuses qui renforcent la réputation de héros des pompiers. Depuis la première destruction de la ville, mémorable, en 1657, la fréquence des incendies dans une ville à risque comme Edo – ou Yedo, l’actuelle Tokyo –, constituée de maisons en papier, en paille et en bois serrées les unes contre les autres, a conduit les shogûn successifs à prendre des mesures. Ainsi, une catégorie de pompiers a été affectée à la surveillance de quartiers privilégiés, en quête, notamment, des départs de feu provoqués par l’usage de lanternes et de poêles à charbon de bois. Ils exercent cette vigilance depuis des tours de guet ou en surplombant des murs érigés autour de pâtés de maison, à l’aide de longues perches mobiles.
Pour agrémenter ces exercices qui font l’objet d’une véritable cérémonie annuelle liée au Jour de l’An, appelée Dezomeshiki, les pompiers multiplient des postures d’équilibres qui rappellent les performances des acrobates. Cependant, dans une société traditionnelle aussi codifiée, les acrobates et les pompiers ne se mélangent pas, même s’ils ont en commun des qualités (la force et l’agilité), des supports (troncs, perches ou échelles de bambou)… et certainement un même sens du spectacle !
 
Voir aussi : Pompes en action à Tokyo, en 1912.