Encyclopédie des arts du cirque

Arts du cirque

Anouk Ferjac, contorsionniste, et Christian Arnaut

Le Charmeur et le serpent
Casino de Paris, 1946
Illustration anonyme pour un article de Tristan Rémy dans Les lettres françaises, 16 août 1946
BnF, département des Arts du spectacle, 8-RO-16970
© Bibliothèque nationale de France
Grand observateur et témoin français du spectacle de cirque et de ses personnages, Tristan Rémy (Raymond Desprez, 1897-1977) évoque dans Les Lettres françaises le numéro présenté au Casino de Paris en août 1946 par le danseur Christian Arnaut et sa partenaire Anouk Ferjac, acrobate de souplesses.
Avec une approche de chercheur et de pédagogue, le chroniqueur précise que le travail du duo s’inscrit dans l’histoire d’une discipline d’origine foraine, banquiste. Il rappelle les femmes et les hommes, surtout, dits « caoutchouc » ou « élastiques », furent les grands interprètes d’une forme de gymnastique acrobatique incarnée au cirque et au music-hall après-guerre par Barbara La May et entre les deux guerres par Lyne Berne, Miss Dora ou Chester A. Kingston.
En adaptant pour l’acrobate Anouk Ferjac la chorégraphie qu’il avait créée pour une danseuse, Christian Arnaut renouvelle ce que Tristan Rémy appelle l’acrobatie disloquée dont il fait une scène de ballet moderne. Coulée dans la peau écaillée, ondulante, d’un reptile, sa partenaire donne une fluidité et donc une autre vraisemblance à l’exhibition dans des décors de jungle de carton, des hommes-serpents ou des hommes-crocodiles du siècle précédent.
Écho d’une tradition pantomimiste peu à peu abandonnée au XXe siècle, le costume de Pierrot romantique porté par le danseur interroge sur la couleur et le sens d’un jeu entre les deux personnages, le charmeur et le serpent, qui n’emprunte ni à la mode de l’exotisme ni à la sensualité d’une séquence de séduction.
 
Source :
- Article « Anouk Ferjac » par Tristan Rémy dans Les Lettres françaises du 16 août 1946.