La vie des cirques est particulièrement difficile et chaotique en temps de guerre. Non seulement employés, artistes et directeurs, tel Jérôme Medrano fin 1939, sont mobilisés mais les productions sont surveillées et les ressources manquent aux établissements comme au public. Le duo Alex et Zavatta s’est formé dans la piste du Cirque Medrano lorsqu’il a rouvert en 1941, avec une affiche prometteuse : Le Festival du Rire, une « folie clownesque » qui rassemblait et faisait tourner des personnalités ivres de liberté et d’inventivité, Pipo et Rhum ou Mylos et Little Walter…
C’est au Cirque d’Hiver que le duo, désormais rôdé, peut donner libre cours à sa verve et à sa créativité, explosive chez Achille Zavatta, en dépit du cadre très précis imposé par le registre des opérettes de cirque produites par les Bouglione : Blanche-Neige en 1942, Carmencita et Robin des Bois l’année suivante. Cette dernière pièce de cirque écrite par Joseph Bouglione et Jean Loysel (Auguste Georges Schmutz, 1889-1962), parolier et une musique du chef d’orchestre Raymond Brunel, est interprétée par les chanteurs Denise Maréchal (Marianne) et André Pierrel (Robin des Bois), « doublés » par les clowns Alex et Zavatta. Adaptation libre du film de Michael Curtiz produit en 1938, Les Aventures de Robin des Bois, avec Erroll Flynn et Olivia de Havilland, la version de Robin des Bois au cirque n’attire pas seulement l’attention de la presse. Jugée trop louangeuse pour le roi d’Angleterre, elle vaut à Joseph Bouglione une convocation à la Kommandantur, ainsi que le raconte son épouse Rosa dans ses mémoires.
 
Sources :
- BnF, recueil Robin des Bois
- Rosa Bouglione, Un mariage dans la cage aux lions, Michel Lafon, 2001, p. 162.
- BnF, département des Arts du spectacle - Fonds Géo Sandry.