La carte dite du joker symbolise bien la tradition bouffonne et le personnage du Fou dont elle porte l’effigie. Le joker est sans doute un descendant de la carte de tarot appelée le Mat ou le Fou. Il brise la logique du jeu et, tout en participant comme élément actif, ne s’inscrit pas dans l’ordre des autres cartes. La présence de cette carte dans le jeu nous fournit des éléments d’analyse transposables à la présence des clowns médiateurs dans le ‟jeu socialˮ où ils interviennent, avec deux caractéristiques :
- l’ambiguïté. Le joker est à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’espace ludique : il participe au jeu et, en même temps, transgresse les règles.
- l’imprévisibilité. Il introduit de l’imprévisible dans le rituel : ‟Il est libre improvisation à l’intérieur d’une convention librement consentie.ˮ (Lever, 1983 : 62).
M. Lever fait lui aussi dans Le sceptre et la marotte (Fayard, 1983) le parallèle entre le joker et le Fou : « Il joue dans cette convention du jeu le même rôle que dans la société, celui du perturbateur, du brouilleur de cartes. Ici comme là, il oppose au sacré de respect le sacré de transgression. »