Le bestiaire fantastique
    Instrument du merveilleux, le bestiaire fantastique est à l’origine de nombreux contes de fées, comme dans ces attelages fabuleux de La Princesse printanière où la Reine des fées et son ennemie Carabosse s’affrontent sur des chariots, dont l’un était "tiré par six grosses poules huppées ; un coq servait de cocher et un poulet gras de postillon".
Animal à comportement humain, comme le Chat botté, animal messager accompagnant le héros dans ses épreuves, comme la grenouille des Trois Plumes ou bien encore animal monstrueux et destructeur comme les dragons ou la licorne, que le héros doit vaincre (Le Vaillant Petit Tailleur) tous contribuent par leur présence à renforcer la part du merveilleux et à donner au conte ses principales caractéristiques.
  
 
  Animaux fabuleux
De "l’âne crotte de l’or" d’Apulée, repris par Perrault dans Peau-d’Âne, à l’oiseau de feu ou l’oiseau d’or des contes populaires russes et allemands, les animaux fabuleux permettent souvent l’enrichissement du héros. C’est le cas de la poule aux œufs d’or que Jack dérobe au Géant de la perche, ou de l’oiseau d’or dont les Deux Frères absorbent le foie, ce qui leur permet de trouver tous les matins une pièce d’or sous leur oreiller. La mort de l’animal est souvent une étape essentielle qui permet au héros de surmonter bien des épreuves : c’est le cas de l’âne la princesse fait sacrifier par son père incestueux. Princesse revêtue de la peau de l’âne comme d’un déguisement, elle échappe ainsi aux convoitises paternelles pour attirer celle de son futur époux.
D’autres animaux merveilleux ont pour fonction d’éloigner ou de combattre le héros : ainsi les lions qui gardent la porte du Nain Jaune "avaient chacun deux têtes, huit pieds, quatre rangs de dents et leur peau était aussi dure que l’écaille et aussi rouge que du maroquin" (Mme d’Aulnoy) ; leur aspect effrayant doit frapper les imaginations, tout comme les dragons qui peuplent l’univers fantastique des contes (Les Deux Frères).

 

Animaux à comportement humain
A la fois semblables aux hommes par leur langage, les animaux s’en distinguent par leur nature : lointain cousin d’Ysengrin, le Chat botté est plus malin que son maître et lui assure sa fortune grâce à ses ruses et à ses bottes : "Ne vous affligez point mon Maître, vous n’avez qu’à me donner un sac et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles et vous verrez que vous n’êtes pas si mal partagé que vous croyez" mais par ailleurs c’est grâce à sa nature animale qu’il réussit à manger l’ogre après l’avoir poussé à se transformer en souris. Curieux renversement des rôles !
Quant au loup du Petit Chaperon rouge, il représente un danger bien réel en tant qu’animal dont les campagnes françaises de l’Ancien Régime étaient infestées, mais il personnifie aussi le danger que représente l’homme (et son désir bestial) pour la vertu des jeunes demoiselles innocentes comme l’exprime la moralité du conte de Perrault.
 

Animaux messagers ou conseillers
Simples animaux du bestiaire traditionnel, sauvés par le héros ou envoyés sur la terre par une puissance occulte mais favorable, ils ont pour fonction d’aider le héros à surmonter les épreuves auxquelles il est confronté. Carpe, corbeau et hibou, tous les trois sauvés par Avenant d’une mort certaine lui permettent de conquérir la Belle aux cheveux d’or (Mme d’Aulnoy ). Les Deux Frères de Grimm "avaient chacun deux lions, deux loups, deux renards et deux lièvres qui les escortaient et les servaient". Souvent, ces animaux "adjuvants" sont au nombre de trois et symbolisent chacun un des trois éléments naturel, comme dans La Reine des abeilles où le cadet sauve la vie à une fourmi, un canard et une abeille, respectivement hôte de la terre, de l’eau et de l’air.
  

Humains métamorphosés en animaux
Il arrive qu’un sort soit jeté pour éprouver l’amour, la vertu ou la fidélité du héros ou de l’héroïne ainsi confrontés à la métamorphose de l’Autre et à son aspect bestial : c’est le cas de l’épreuve imposée à la Bête qui doit convaincre la Belle de l’épouser. C’est aussi le cas de La Chatte blanche qui doit convaincre le prince qu’elle aime de lui trancher le cou (Mme d’Aulnoy). Fées ou enchanteurs sont souvent à l’origine de la métamorphose et ne sont pas à l’abri eux-mêmes des pouvoirs maléfiques de leurs concurrents : la fée Bienveillante et son fils le Prince Parfait se trouvent ainsi transformés en Bonne-Biche et Beau-Minon par l’Enchanteur de la Forêt des Lilas, et ce jusqu’à ce que Blandine prouve sa vertu et sa patience à la Reine des fées, seule capable de lever la punition (La comtesse de Ségur) :
"Il y avait un énorme coussin en satin blanc placé par terre pour Bonne-Biche ; devant elle sur la table était une botte d’herbes fraîches et succulentes. […] En face de Bonne-Biche était un tabouret élevé pour Beau-Minon. […] Le service de table se faisait par des gazelles."

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