Ogres et nains, ogresses et diables

Le conte de fées classique laisse peu de place aux personnages merveilleux masculins. Les enchanteurs et magiciens médiévaux ont essentiellement cédé la place à des ogres, figures terrifiantes et obscures de l’inconscient, et quelques nains, figures de la maturité non accomplie. Destiné à faire peur, l’ogre se repaît de chair fraîche. En cela, il est l’héritier du dieu grec Chronos, qui dévorait ses propres enfants avant que son fils Zeus ne lui échappe et ne prenne sa place.
Les philologues du XIXe siècle ont vu dans le mot "ogre" une déformation de Hongre (Hongrois) ou Oïgre (Ouïgour), noms désignant des peuplades guerrières qui ravagèrent une partie de l'Europe entre les VIIIe et IXe siècles. L’étymologie désormais admise fait découler le mot du latin Orcus, l’équivalent du grec Thanatos, dieu des Enfers et de la Mort.