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Les marines de Guernesey et du retour d'exil
illustrent bien la manière dont le poète se définit
par rapport à l’océan : il s’identifie tantôt
à la mer, tantôt au marin. Navires laissant dans le ciel
et dans l’onde sillage et fumée, naufrages ou encore vague éternellement
suspendue, c’est tout à tour le désir de gloire et de postérité,
un invincible courage, une volonté de pérennité,
une destinée entière qui s'expriment dans ces lavis.
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Dès les années de collège,
Victor Hugo a bien été cet enfant sublime selon les propos
attribués à Chateaubriand. Dans ses cahiers de jeunesse
qu’il a conservés, tout en les qualifiant de "bêtises que
je faisais avant ma naissance", l’auteur témoigne déjà
d’une grande virtuosité et d’un talent protéiforme.
Puis vient le temps des grands recueils
poétiques du jeune chef de l’école romantique, qu’ils soient
inspirés par le Moyen Âge, ou par un Orient rêvé,
qu’ils posent le problème de la destinée de l’homme, chantent
les amours du poète ou évoquent ses enfants. Et les romans
de cette période, Bug-Jargal, Le Dernier Jour d’un condamné,
Claude Gueux, sont des romans à thèses : plaidoyers
contre la peine de mort, la misère et l’exclusion ; Notre-Dame
de Paris à la fois roman historique, dramatique, poétique,
occupe naturellement une place privilégiée.
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Les voyages annuels accomplis de 1834 à
1843 avec Juliette Drouet renouvellent l’imaginaire du poète, et
seuls les séjours sur le Rhin aboutissent à une publication,
tandis que les autres constituent un vivier pour les œuvres à naître,
œuvres littéraires comme graphiques.
Parallèlement à son activité
littéraire et artistique, Victor Hugo a une intense activité
sociale et politique : il est membre du Comité des arts et
monuments, préside la Société des gens de lettres
en 1840, est élu à l’Académie française en
1841 et nommé pair de France en 1845 ; après la révolution
de 1848, il est élu député à la Constituante,
puis, en 1849, à l’Assemblée législative. Durant
toutes ces années, ses discours sont autant de combats pour les
droits de l’homme : abolition de la peine de mort, droit au travail,
lutte contre la misère, pour la liberté de la presse… Dès
1849, lors du Congrès de la paix qu’il préside à
Paris, il imagine les États-Unis d’Europe. Manuscrits, objets,
caricatures et dessins sont autant de témoignages de l’envergure
de l’homme politique, qui se double d’un reporter.
La mort de Léopoldine, en 1843, interrompt pour quelques années
toute publication. Il commence néanmoins en 1845 la rédaction
des Misères, que la révolution de 1848 l’empêche
de terminer et qui, repris en exil, deviendront Les Misérables.
Durant l’été 1850, il crée une admirable série
d’œuvres de grandes dimensions, à la mesure de la liberté
en art qu’il prône : l’inventivité de procédés
y rivalise avec l’originalité de la création.
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