Le Brelan de la vie humaine
Anonyme.
France, fin du XVIIe siècle.
Huile sur toile, 124 x 172 cm
Collection et
© Musée Français de la Carte à Jouer, Ville d'Issy-les-Moulineaux
Cliché F.Doury / Musée Français de la Carte à Jouer, Issy-les-Moulineaux
Cette toile représente quatre joueurs avec, face à nous et de droite à gauche : le Temps, vieillard barbu et ailé portant un sablier sur la tête, l'Amour, adolescent aux ailes déployées, l'Homme, gentilhomme sobrement vêtu, et la Mort, munie de son attribut symbolique, la faux. Les phylactères au-dessus de leurs têtes livrent leurs pensées : "Je passe", dit le Temps ; "Mon reste", soutient l'Amour ; "Je le tiens", croit encore l'Homme ; "Je tire tout", ricane enfin la Mort ! Chacun des joueurs tient trois cartes en main et les regards convergent vers les bras de la Mort, qui se pose en gagnante : elle vient de réaliser un brelan d'as, voire un brelan carré, avec l'as de trèfle posé sur le talon. Le résultat de cette partie de "brelan", un jeu de hasard très prisé au XVIIe siècle, est sans équivoque. Cette représentation appartient à la même famille symbolique qu'une gravure intitulée "Le Berlan [sic] de la vie humaine" (Bibliothèque de Rouen, fonds Leber, et Bibliothèque nationale de France). .
Éditée par Pierre Bertrand, datée de la première moitié du XVIIe siècle, cette estampe éclaire le propos à la fois par ses légendes mais aussi par l'inscription lisible au dos des cartes tenues par les trois perdants : "Le temp[s] a trois Rois", "Amour a trois Dames", "L'homm[e] a trois valet[s]". Malgré quelques nuances (position des personnages, as de la "retourne".), tout laisse penser que la gravure a inspiré le tableau, visiblement plus tardif (visage imberbe et vêtement du courtisan.). .
Allégorie du jeu - activité précaire et inconstante -, cette scène traite en fait de la fragilité du destin et du triomphe de la mort, se rattachant ainsi au genre de la Vanité.