Brelan en clair-obscur
Jacques Callot, dessinateur et graveur
Le Brelan . 1626. Eau-forte et burin, 21,5 x 28 cm
BnF, Estampes, Ed 25 Rés. (boîte 14)
Dessinateur de génie, graveur éblouissant, maître incontesté de l'eau-forte, le Nancéien Jacques Callot (1592-1635), a laissé une oeuvre foisonnante sur les sujets les plus divers.
Cette gravure signée "Jac. Callot fe. Nanceij", un de ses rares essais de clair-obscur (avec le Bénédicte de 1626), porte un titre qui lui a sans doute été donné assez tôt, dans lequel, "brelan" désigne le lieu (un tripot, une maison de jeux de hasard) et non le jeu de cartes. Il s'agit en fait d'une représentation du Fils prodigue (qui pourrait avoir reçu, selon Lieure, le visage de Callot) "trompé par une troupe de filous", selon la légende en latin. Un tableau attribué au peintre lorrain Jean Le Clerc, contemporain de Callot, reprend cette même scène. On notera que la parabole originelle (Évangile de Luc, 15, 11-32) n'évoque aucune scène de jeu. Celle-ci a été ajoutée à partir du Moyen Âge pour pimenter les représentations théâtrales (Courtois d'Arras, début du XIIIe siècle) et animer de nombreux vitraux (XIIIe et XIVe siècles), avant de séduire graveurs et peintres aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, notamment Lucas de Leyde, Nicolas Régnier et Georges de La Tour.