Un jeu de cartes brocarde les Suisses
Le Revers du jeu des Suysses. Lyon (?), 1514 ou 1515.
Gravure sur bois, lettre typographiée. 36,2 x 26,2 cm
BnF, Estampes EA 17 Rés. tome I
Longtemps tenue pour la plus ancienne caricature, cette xylographie à thème très politique paraît se situer en 1514 ou 1515, dans le contexte de la bataille de Marignan. Nettement anti-suisse, la gravure est copiée sur un modèle germanique, peut-être suisse, raillant la politique européenne des grands et les arrangements passés entre eux. On y distingue, autour de la table, le roi de France Louis XII, le pape Léon X, dont la myopie et le lorgnon étaient bien connus, l'empereur Maximilien Ier et d'autres souverains des années 1513 à 1515.
L'estampe française annonce clairement son intention non seulement par son titre, mais aussi par le préambule : "C'est grand orgueil à un pauvre coquin / Vouloir jouer contre princes au flux." Ainsi, les Suisses sont de "pauvres coquins" qui veulent partager la richesse autant que le pouvoir. Cette "démocratie" avant l'heure est ainsi dénoncée comme odieuse par la propagande royale française. Sorte de poker à trois cartes, où l'on parie contre les autres sur ce que l'on a en main, le flux, un jeu de cartes venu d'Italie au XVe siècle et répandu dans toute l'Europe continentale autour de 1500, se prêtait bien à ce traitement satirique.