Cette planche est tout à fait remarquable par la diversité des représentations qu'
Abraham Bosse utilise. En haut, il dessine géométralement les vues de dessus et d'élévation de quatre solides (deux pavés droits, une pyramide et trois marches d'un escalier). Cette association de deux projections est assez courante dans les dessins d'architecture.
En joignant point par point et arête par arête les deux projections, Bosse réalise une épure de géométrie descriptive. Cette science ne sera développée qu'à la fin du XVIII
e siècle par Monge (1746-1818) et enseignée de la Révolution française jusqu'au milieu du XX
e siècle.
En bas, Bosse utilise une perspective cavalière pour rendre compte des positions relatives de ces solides. On peut constater que les arêtes parallèles sont représentées par des segments parallèles, ce qui n'est généralement pas le cas lorsqu'on utilise une perspective centrale.
Le sujet de cette planche semble avoir été inspiré par Jan Vredeman de Vries, dont l'œuvre de 1604 est reprise dans un traité de perspective de Samuel Marolois de 1615 ("ouvrage très remarquable, fait par un bon géomètre qui contient presque toutes les méthodes connues", écrit Poudra). Il semble que ce traité de Marolois ait figuré dans la bibliothèque de Melchior Tavernier, le maître de Bosse.