C'est à lui que Junon suppliante s'adressa
alors en ces termes : "Eole, (car c'est à toi que le père
des dieux et le roi des hommes a donné le pouvoir d'apaiser les
flots et de les soulever au moyen du vent), une race que je hais navigue
sur la mer Tyrrhénienne, portant en Italie Ilion et ses Pénates
vaincus : déchaîne la violence des vents submerge et engloutis
leurs poupes, ou disperse çà et là mes ennemis et
couvre la mer de leurs corps épars. "(..)
Ayant dit, d'un revers de lance, il [Eole] a frappé le flanc du
mont caverneux ; et les vents, comme en un bataillon, se précipitent
par l'issue qui leur est ouverte, et balaient la terre de leur trombe.
D'un seul coup l'Eurus [S-E], et le Notus [S], et l’Africus [S-O],
fécond en tempêtes, se sont abattus sur la mer, la bouleversent
dans ses profondeurs et roulent vers les rivages de vastes flots. Soudain
les nuages dérobent le ciel et le jour aux Teucères ; sur
la mer une nuit sombre s'étend ; les cieux ont tonné, et
l'éther brille de feux redoublés, et l'univers offre aux
hommes le spectacle de la mort présente. (Tirade d'Enée...).
Il parlait encore, que le souffle strident de l’Aquilon [N-E] frappent
en plein sa voile, et soulève les flots jusqu'aux astres. Les
rames se brisent, puis la proue se détourne et livre aux vagues
le flanc du navire ; l'onde s'amoncelle en forme de montagne escarpée.
Les uns sont suspendus sur le sommet des flots ; les autres découvrent
la terre dans le sein des ondes entrouvertes ; le sable bouillonne avec
fureur. Trois vaisseaux qu'emporte le Notus sont lancés contre
ces rochers invisibles, situés au milieu des flots, que les Italiens
nomment les Autels, et dont l'énorme dos affleure la surface de
la mer. L'Eurus en pousse trois autres de la haute mer sur des bas-fonds
et sur des syrtes [bancs de sable].
Neptune intervient alors, prend parti pour Enée et calme les
flots.
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