Guillaume des Ursins et son copiste
Giovanni Colonna, Mare historiarum, (Mer des histoires)
Ouest de la France (Angers ?), milieu XVe siècle
Paris, BnF, département des Manuscrits, Latin 4915, folio 1
Cette miniature placée en tête du Mare historiarum montre un puissant patron visitant dans son atelier un copiste-enlumineur au travail. Ce patron n’est autre que le chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins, revêtu ici des attributs de sa fonction. L’enlumineur au travail est sûrement un employé à son service, puisqu’il porte sur les manches de son habit les emblèmes du chancelier ; il n’en reste pas moins assis malgré l’importance de ses visiteurs, suggérant dans sa posture la dignité de sa fonction d’enlumineur et inscrivant par cet autoportrait sa signature en image.
Les copistes copiaient le texte, en se relayant pour un même ouvrage afin de ne pas conserver trop longtemps le texte original qu'ils avaient emprunté. Puis les rubricateurs chargés des travaux à l'encre rouge, intervenaient dans les espaces laissés libres par les copistes. Ils rédigeaient les titres des chapitres, les sous-titres, les majuscules et les initiales simples.
Enfin les enlumineurs réalisaient les décors avec l'or et les pigments de couleur.
Jusqu'à l'époque gothique, le copiste, le rubricateur et l'enlumineur pouvait être une seule et même personne, le plus souvent un moine.
Leur organisation rigoureuse a permis de répondre à la demande croissante de livres et d'assurer un contrôle sur la qualité des textes. Ceux-ci étaient en effet truffés d'erreurs, car les moines avaient pris l'habitude d'abréger les mots pour gagner de la place et de noter leurs commentaires en marge du texte (glose). Grâce au "libraire" agréé par l'Université, un exemplaire parfaitement exact (exempla) était divisé en plusieurs morceaux (pecia) dont chacun était copié par un professionnel. Ainsi, plusieurs copistes travaillaient simultanément sur un même texte, ce qui réduisait considérablement la durée d'exécution d'un manuscrit.