Sacramentaire de Charles le Chauve
Ordo abrégé de la messe en lettres capitales
École du Palais de Charles le Chauve, vers 869-870
BnF, Manuscrits, Latin 1141 fol. 1v-2
Le texte poursuivant la page de titre détaille l'ordre dans lequel la messe doit être célébrée. Habituellement réservés aux titres des manuscrits, l'usage de l'écriture capitale romaine et l'alternance de lignes de couleurs différentes disent l'importance de ces indications pour le bon déroulement de la cérémonie, tout en créant un effet décoratif.
Sur ces feuillets se trouve précisé en lettres capitales l'ordre dans lequel les prières doivent être prononcées avant le canon. De telles indications étaient nécessaires pour que les clercs respectent bien le rite usité par l'Église romaine, rite que Charlemagne a fait introduire en pays franc et germanique. Une fois le célébrant et les clercs entrés en procession dans l'église, la messe commence par l'Introït, suivi du Kyrie eleison, puis du Gloria. Se succèdent ensuite la collecte ou oraison sur l'assemblée qui rassemble les demandes formulées par les fidèles, puis les lectures, la première d'une Épître de saint Paul, la seconde d'un Évangile, entrecoupées du Graduel et de l'Alleluia. Enfin viennent l'offertoire et l'oraison sur les offrandes destinés à préparer le sacrifice eucharistique.
Si le rouge et le vert sont d'un emploi courant dans les manuscrits de l'époque carolingienne, l'or, en revanche, était réservé aux manuscrits liturgiques de grand luxe, tel ce sacramentaire royal, car, investi d'une forte charge symbolique, ce matériau précieux avait pour fonction de glorifier le texte sacré, tout comme la pourpre ou l'argent.
Pour gagner de la place, le copiste a abrégé de nombreux mots à l'aide de tildes, petits points et autres symboles et enclavé certaines lettres les unes dans les autres. L'ensemble offre un bel exemple de cet art de la calligraphie dans lequel excellaient particulièrement les copistes de cette époque.