Sacramentaire de Charles le Chauve
Reliure de maroquin rouge aux armes de Colbert
École du Palais de Charles le Chauve, vers 869-870
BnF, Manuscrits, Latin 1141 plat inférieur
Le manuscrit est relié de maroquin rouge et frappé aux armes de Colbert, "d'or à la couleuvre ondoyante en pal d'azur", coiffées d'une couronne de marquis et parées des colliers de Saint-Michel et du Saint-Esprit. Bibliophile de renom, le ministre de Louis XIV acquiert le sacramentaire en 1675. Ses héritiers le vendront à la Bibliothèque Royale avec 8000 livres de sa collection.

La reliure est faite d'un cuir particulièrement luxueux et délicat, le maroquin rouge, fabriqué à partir de peaux importées du Proche-Orient. Les plats sont gravés d'un triple filet doré et ornés au centre des armes de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), auquel ce sacramentaire a appartenu.
Bibliophile passionné, le ministre de Louis XIV possédait une bibliothèque personnelle considérable comprenant près de 20 000 volumes imprimés et 6000 manuscrits. Il a acquis ce volume en 1675 avec les 949 livres de Jean Ballesdens, un académicien et collectionneur parisien. Dans le "catalogue des manuscrits que M. Ballesdens nous a fait voir", rédigé par le bibliothécaire de Colbert, Étienne Baluze, figure en effet un "Canon de la messe de saint Grégoire" qui correspond très certainement au sacramentaire reproduit ici.
Comme la plupart des autres manuscrits ayant appartenu à Colbert, ce sacramentaire est relié à ses armes, "d'or à la couleuvre ondoyante en pal d'azur", surmontées d'une couronne de marquis et entourées des colliers des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. Ces armes parlantes évoquent directement le nom de Colbert, "coluber" en latin signifiant "couleuvre".
En septembre 1732, la Bibliothèque se porte acquéreur des volumes rassemblés par Colbert. Ceux-ci lui sont vendus par l'un de ses descendants, Charles-Eléonor Colbert, comte de Seignelay, moyennant la somme de 300 000 livres. Ce sont ainsi 8000 volumes qui viennent enrichir les collections de la Bibliothèque Royale, dont près de 6000 manuscrits médiévaux, et, parmi eux, ce fragment de sacramentaire.

Colbert, une figure fondatrice de la Bibliothèque
Tout en constituant l'une des bibliothèques privées les plus considérables d'Europe, Colbert a favorisé le développement de la Bibliothèque royale, que Louis XIV lui a confiée dès 1661, aussitôt après la mort de Mazarin. Désireux d'en faire un instrument au service de la propagande et de la gloire du Roi-Soleil, Colbert installe la Bibliothèque du Roi dans les deux maisons qu'il possédait rue Vivienne et qui forment encore aujourd'hui une partie de la Bibliothèque nationale, le quadrilatère du site Richelieu. Il mène une politique très active d'accroissement des collections, par des achats, des dons, des échanges, des collectes à l'étranger. En quelques décennies, la Bibliothèque du Roi acquiert ainsi une place considérable en Europe et dans le monde savant.