Le prince de Gog et Magog, les gerfauts du grand Khan et l'incinération des morts
Atlas catalan (détail)
Attribué à Abraham Cresques, 1375.
Manuscrit enluminé sur parchemin, 12 demi-feuilles de 64 x 25 cm chacune
BnF, département des Manuscrits, Espagnol 30, tableau III
© Bibliothèque nationale de France
Le prince de Gog et Magog est reconnaissable au scorpion inscrit sur sa bannière. À cheval entre les deux planches de l'Extrême Orient, il est dessiné avec sa suite dans des cellules délimitées par des montagnes qui cernent les épisodes qui décrivent la fin du monde et sont situées à la limite du monde connu. Selon l'Apocalypse, citée ici, il « viendra au temps de l'Antéchrist avec une nombreuse suite. »
En bas à droite, deux faucons sont dessinés sur de îles, à la manière de l'héraldique. Ils sont mentionnés dans le récit de Marco Polo, ainsi que le goût du grand Khan pour ces oiseaux. « Dans ces îles naissent beaucoup de bons gerfauts et faucons que les habitants n'osent jamais prendre que pour l'usage du grand Khan, seigneur et empereur du Catay. »
La scène de la crémation, telle qu'elle est représentée ici en haut à droite, s'apparente aussi à la description qu'en donne Marco Polo. La présence de musiciens rappelle la croyance indienne selon laquelle celui qui est incinéré avec de tels honneurs est sûr d'être reçu dans l'autre monde : « Sachez que les hommes et les femmes de cette contrée, quand ils sont morts, sont portés au bûcher au son des instruments et avec de grandes réjouissances. Cependant les parents du mort pleurent, et il arrive quelquefois mais tardivement que les femmes des morts se jettent dans les flammes ainsi que leurs maris ; cependant les maris ne s'y jettent jamais avec leurs femmes. »