La cité de la Nubie, le sultan de Babylonie et la mer Rouge
Atlas catalan (détail)
Attribué à Abraham Cresques, 1375.
Manuscrit enluminé sur parchemin, 12 demi-feuilles de 64 x 25 cm chacune
BnF, département des Manuscrits, Espagnol 30, tableau V
© Bibliothèque nationale de France
L'Atlas catalan distingue deux Nubies. À l'ouest, une Nubie musulmane et à l'est une Nubie chrétienne, dans l'étroit triangle délimité par le Nil. Elle comprend un certain nombre de villes surmontées d'une croix, comme autant de souvenirs des anciens royaumes nubiens avant leur islamisation. Le sultan de Babylonie, leur ennemi, tient sur la main un oiseau que l'on retrouve répété tout au long du cours du Nil et qui pourrait être un faucon. Depuis le Moyen Âge, ce souverain représente la puissance musulmane qui contrôle le commerce des épices au débouché de la mer Rouge. Le regard tourné vers les autres royaumes d’Afrique du Nord, il désigne du doigt la direction de la mer Rouge, et de là La Mecque, dont il contrôle aussi la route des pèlerinages. Cette posture souligne l'importance de sa position d'intermédiaire incontournable entre l’Occident et l’Orient.
« Ce sultan de Babylonie est grand et puissant parmi les souverains de ce pays. … Ce roi est toujours en guerre contre les chrétiens de Nubie qui sont sous la domination de l'empereur d'Éthiopie, et du prêtre Jean. »
L'Atlas catalan marque une étape dans la translation du souverain mythique qu'est le prêtre Jean depuis l'Inde jusqu'en Éthiopie. De son nouveau royaume africain, il allait pouvoir conserver son rôle d'aiguillon à l'aventure.
La mer Rouge fait figure de trait d'union entre les planches de l'Occident et de l'Orient : « Cette mer est appelée mer Rouge ; c'est par là que passèrent les douze tribus d'Israël. Sachez que l'eau n'y est pas rouge, mais c'est le fond qui est de cette couleur. La plus grande partie des épices qui viennent des Indes à Alexandrie passe par cette mer. »
 
 

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