Les Polo quittent Venise
Marco Polo (1254-1324), Le Devisement du monde ou Livre des Merveilles
Récit de 1299, copié à Paris vers 1410-1412.
Enluminure par le Maître de la Mazarine et collaborateurs. Manuscrit sur parchemin, 299 feuillets, 42 x 29,8 cm
BnF, département des Manuscrits, Français 2810, fol. 4
© Bibliothèque nationale de France
Au XIIIe siècle, Venise est à l’apogée de sa puissance dans l’est de la Méditerranée. La République aristocratique s’est émancipée de Byzance et ses nombreuses possessions (Côte Dalmate, Crête, etc.) lui permettent de contrôler une grande part du commerce avec l’Orient. Les Vénitiens sont aussi à l’origine de la création de l’Empire latin d’Orient, où leur influence sur la politique et la religion est très importante. Cependant, Venise doit affronter la concurrence de Gênes pour le commerce avec l’Orient et l’Empire latin doit lutter contre l’Empire byzantin, réfugié à Nicée. Les Latins cherchent alors une alliance de revers contre les Byzantins et Venise tend à vouloir développer des liens avec les Mongols, dont la tolérance religieuse fait des partenaires plus acceptables que les musulmans. En effet, ces derniers reconquièrent peu à peu sous la direction de Baibars, sultan d’Égypte, un Royaume de Jérusalem réduit à une mince bande côtière autour de Saint-Jean d’Acre.
Comment les deux frères quittèrent Venise, emmenant avec eux, auprès du Grand khan, Marc, le fils de messire Nicolas Pol
Deux ans plus tard, le nouveau pape n'était toujours pas élu. Craignant d'attendre longtemps encore avant de pouvoir retourner auprès du Grand Khan, les deux frères quittèrent Venise pour Acre. Ils se rendirent auprès du légat du pape, et lui racontant l'histoire, sollicitèrent de lui l'autorisation de prendre un peu d'huile sainte du Saint-Sépulcre de Jérusalem pour en faire présent au Grand Khan, selon son désir. Avec l'autorisation du légat, ils se rendirent donc à Jérusalem.
De retour à Acre, ils s'entretinrent de nouveau avec le légat. « Aucun pape n'est élu. Nous voulons retourner auprès du Grand Khan. Nous avons déjà beaucoup tardé », dirent-ils. « Il me plaît que vous y retourniez », leur répondit le légat. Il fit rédiger des lettres adressées au Grand Khan, l'assurant que les deux frères avaient bien accompli auprès de lui la mission dont il les avait chargés, mais qu'ils n'avaient pu la mener à bien, puisqu'on était toujours sans pape.