Les animaux fabuleux de Birmanie
Marco Polo (1254-1324), Le Devisement du monde ou Livre des Merveilles
Récit de 1299, copié à Paris vers 1410-1412.
Enluminure par Maître d’Egerton. Manuscrit sur parchemin, 299 feuillets, 42 x 29,8 cm
BnF, département des Manuscrits, Français 2810, fol. 59v
© Bibliothèque nationale de France
Marco Polo a vraisemblablement visité la Birmanie, soit lors de ses missions pour Kubilaï, soit lors de son voyage de retour. Il y a remarqué la présence des éléphants et des licornes, c’est-à-dire des rhinocéros. De nos jours, la jungle birmane reste encore une région difficile d’accès.
Comment l'on descend la grande vallée
En quittant cette province, l'on parvient à une grande descente, qui dure bien deux journées et demie, et qui descend tout le temps. Il n'y a rien à en mentionner hormis le vaste espace où ils tiennent un grand marché. Les gens y viennent de toute la contrée certains jours, trois fois par semaine. Ils y échangent l'or qu'ils ont en abondance contre de l'argent, à la mesure de trois poids d'or fin contre cinq poids d'argent.
Les marchands de plusieurs régions à l'entour y viennent échanger leur argent contre l'or de ces gens, et en tirent un très grand profit. Mais nul ne peut savoir où vivent ceux qui apportent l'or au marché. Par peur des méchantes gens, ils habitent des endroits inaccessibles. Leurs maisons se trouvent dans des lieux sauvages, naturellement protégés ; ainsi personne ne peut leur faire dommage. Et ils s'arrangent pour que nul ne les accompagne pour savoir où ils demeurent. Après deux jours et demi de route en descendant toujours, l'on atteint la province de Mien vers le sud, aux confins de l'Inde. On traverse, quinze journées durant, des endroits presque inaccessibles et d'immenses forêts peuplées d'éléphants et de licornes et d'autres animaux sauvages, mais où ne vit aucun être humain. Il n'y a rien d'autre à mentionner de cette région sauvage et singulière. Quittons-la, je vais vous raconter une histoire.