Cette grande planche manuscrite sur deux parchemins enluminés représente les territoires européens, africains et américains situés de part et d’autre de la mer Océane (l'Atlantique). Dessinée trente ans après la découverte du Nouveau Monde, elle figure par l’emploi de dizaines de pavillons, la domination exercée par les Portugais et les Espagnols sur le continent américain, au nord, au centre comme au sud. Tandis que de nombreux géographes utilisent à la suite du lorrain Martin Walseemüller (1507), le nom America pour désigner les nouvelles terres au-delà de l’Atlantique, l’auteur de l’atlas portugais s’en abstient et use de l’expression universelle Mundus Novus.
Le continent africain, absent dans sa totalité de l’atlas Miller, n’apparaît que partiellement avec la côte de la Nouvelle Guinée. Paysages, faune et flore s’apparentent à l’idée que se font les Européens d’un Eden terrestre, encore sauvage, riche en oiseaux et en gibier, où les hommes vivent nus. Il s’oppose à l’espace fortement urbanisé de l’Europe. On remarque enfin la délicatesse des scènes figurées en Amérique : harde de cervidés sur la Terra Frigida proche de la région explorée en 1500-1504 par les Corte Real (côtes de Terre-Neuve et de la Nouvelle-écosse) ; source de jouvence recherchée en 1512-1513 par le navigateur espagnol Ponce de León et située sur la Terra Bimene, c’est-à-dire la Floride ; chercheurs d'or indigènes sur la terre ferme du Brésil. Tandis que l’archipel des Antilles et des Caraïbes est remarquablement dessiné, d'après les rapports espagnols qui ont suivi les expéditions de Christophe Colomb, les côtes du continent américain sont encore morcelées et flottent sur le blanc de la carte comme dans un espace encore indéterminé, ouvert aux explorations futures.