Les nouveaux mondes : l'Afrique
Planisphère nautique
Nicolò de Caverio, [Gênes], vers 1505.
Manuscrit sur parchemin, 10 feuilles assemblées, 115 x 225 cm
BnF, département des Cartes et Plans, CPL GE SH ARCH-1 (RES)
© Bibliothèque nationale de France
Très tôt, les Portugais eurent conscience de l'immense intérêt de leurs découvertes et de l'intérêt non moins immense qu'y trouveraient les Espagnols ainsi que, à un degré moindre, les autres puissances européennes. Dans ce contexte, les cartes marines devenaient de véritables « cartes du trésor ». Les puissances rivales étaient naturellement prêtes à les payer très cher. Nous connaissons ainsi les premiers spécimens de la cartographie portugaise grâce à des copies pirates transmises à l'étranger par des informateurs, des traîtres ou des espions.
En 1502, un « agent secret » italien, Alberto Cantino, venu sous le prétexte d'acheter des chevaux, soudoya pour douze ducats d'or un cartographe portugais de l'Armazém da Guiné e India, qui lui céda un planisphère qu'il rapporta aussitôt au duc Ercole d'Este. Il s'agit ici d'une réplique, établie par le Génois Nicolas de Caverio vers 1505. Cette carte indique toutes les escales portugaises de la route des Indes. Elle est, avec la carte de Cantino, son modèle, la plus ancienne image de la côte de l'Afrique de l'Est et figure même les padràos, colonnes de pierres gravées aux armes du Portugal et que les expéditions successives fichaient en terre en signe de possession.
Cette carte célèbre, dessinée en Italie sur dix feuilles de parchemin assemblées représente l'Afrique du Sud et de l'Est entièrement dessinées et quelques traits de côtes de l'Amérique centrale et du Brésil. L'océan Indien occidental, exploré dès 1498 par Vasco de Gama, trouve peu à peu sa forme moderne, avec sa large ouverture au sud, l'Inde triangulaire et l'île de Madagascar, bien que mal située. En revanche, la péninsule du Sud-Est asiatique est encore inspirée de Ptolémée.