C’est au large des côtes de la Saintonge que se passe cette nouvelle scène de combat naval entre deux vaisseaux. Celui de gauche est un deux-ponts et celui de droite, fait plus rare dans l’iconographie « cartographique », est un trois-ponts. Cette classe la plus élevée des vaisseaux, celle des bâtiments de premier rang, se caractérise par la disposition de trois batteries de canons en correspondance avec trois ponts couverts s’étendant sur toute la longueur de la coque. À cette puissance de feu des batteries s’ajoute celle des nombreux canons de petits calibres disposés sur les gaillards et qui sont avant tout destinés au combat rapproché où les hommes sont les cibles privilégiées. Un aspect très authentique du document est la manière dont la fumée résultant des coups de canons du vaisseau deux-ponts masque les parties antérieures des deux navires combattant sans doute à faible distance l’un de l’autre (tout au plus quelques centaines de mètres pour des tirs efficaces). Tous les témoignages soulignent cette sorte de brume épaisse et âcre entourant rapidement les vaisseaux et rendant très difficile le réglage précis des pièces mais aussi, et surtout, soumettant les hommes, marins et canonniers, à de terribles stress physiques et psychiques.