Magellan fait le tour du monde par l'océan
Atlas nautique
Battista Agnese, Venise, 1543.
Manuscrit enluminé sur vélin, 34 x 24 cm
BnF, département des Cartes et Plans, CPL GE FF-14410, f. 12
© Bibliothèque nationale de France
Cette carte montre la route empruntée par Magellan pour faire le tour du monde, qui ouvrit la "route des épices". Contournant le nouveau continent, Magellan découvrit un océan, qu'il nomma "Pacifique" et dont il conjectura l'ampleur insoupçonnée d'après la longueur de sa navigation. La carte montre aussi la route de l'or du Pérou, qui empruntait l'isthme de Panama à dos de mulet pour prendre la mer ensuite vers Séville. C'est l’unique carte ancienne sur laquelle un auteur a indiqué les deux parcours maritime : le trafic de l’or depuis l’Amérique du Sud et la circumnavigation de Magellan et de ses équipages entre 1519 et 1522. Ce premier voyage de circumnavigation du globe fut réalisé par Magellan dans des circonstances dramatiques. Son projet de découvrir un passage permettant de rejoindre les Moluques au-delà de l'Amérique ne recevant aucun appui officiel du Portugal, il quitta son pays pour passer au service de Charles Ier d'Espagne, futur Charles Quint. En 1517, il devenait citoyen espagnol sous le nom de Fernando de Magellanes. Devant le conseil des ministres, il produisit un globe terrestre plaçant les Moluques dans la partie du monde que le traité de Tordesillas avait dévolue à l'Espagne et exprima ses convictions de pouvoir contourner l'Amérique qui, subodorait-il, devait se terminer en pointe, comme l'Afrique. Comme on peut le voir sur cette carte de son voyage tracée par l'Italien Battista Agnese, Magellan, au sortir du détroit, n'a pas pris directement le cap des Moluques. Il est remonté au nord avant d'obliquer vers l'ouest, peut-être pour rechercher de nouvelles îles aux épices, mais, plus sûrement, pour trouver des alizés portants, avec cet instinct des vents qui caractérise les grands navigateurs. Cet itinéraire est aujourd'hui encore celui qu'utilise le plus souvent la navigation de plaisance. En mars 1521, la flottille jeta l'ancre près d'un petit archipel qui reçut le nom d'îles des Larrons, car les indigènes subtilisèrent aux voyageurs quantité d'objets et même une chaloupe. Il s'agissait de Guam, dans les actuelles îles Mariannes. Une semaine plus tard, ils atteignaient les futures Philippines où Magellan commit une imprudence qui lui coûta la vie. Engagé aux côtés d'un petit roi local dans un combat contre une tribu rivale, il succomba sous les flèches empoisonnées, les lances et les cimeterres des indigènes. Dans un passage émouvant, Pigafetta, compagnon de voyage, raconte comment il se sacrifia pour couvrir la retraite de ses hommes. L'expédition, dont il ne restait qu'un seul navire, erra six mois parmi les îles jusqu'à ce que le Basque Juan Sebastian El Cano la prenne en charge et la ramène à son point de départ. C'était le 6 septembre 1522. Les marins découvrirent alors qu'ils avaient accumulé, en faisant le tour du monde, un jour de retard sur la date officielle connue dans la Chrétienté.
 
 

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